Sensations de jambes lourdes, pesanteur dans les jambes, gonflement des chevilles, crampes ou fourmillements etc, tous ces signes peuvent être liés à une insuffisance veineuse. L’insuffisance veineuse se manifeste par un mauvais retour veineux c’est-à-dire que le sang dans les veines des membres inférieurs a du mal à remonter vers le cœur. On vous explique cela en détails plus bas.

Selon un rapport de l’IFOP(1), l’impact de l’insuffisance veineuse sur la qualité de vie est important, elle a des répercussions sur le sommeil pour 32% des personnes atteintes. Plus de 40% font état d’un impact important ou modéré sur les activités quotidiennes ou la vie au travail.  Les effets négatifs peuvent aussi se ressentir au niveau psychologique, en effet 50% des personnes touchées disent être irritables et/ou nerveuses.

Faut-il avoir de la veine pour ne pas souffrir de problèmes de circulation ? On aborde ce sujet dans cet article en parlant du fonctionnement de la circulation sanguine, des signes et des facteurs de risque de l’insuffisance veineuse mais aussi des solutions (non médicamenteuses) pour la prévenir ou la corriger.

Fonctionnement de la circulation veineuse

Le système circulatoire est composé d’une pompe qui est notre cœur et d’un réseau de vaisseaux sanguins : les artères et les veines.

  • Les artères transportent le sang (contenant l’oxygène et les éléments nutritifs) vers les organes.
  • Les veines ramènent le sang des organes vers le cœur puis les poumons : c’est le retour veineux.

En position debout, le sang, gravité oblige, est attiré vers le bas alors comment se fait le retour veineux ? 

Pour permettre le retour veineux, différents dispositifs existent dans notre corps : 

  • La plante des pieds tout d’abord. Un réseau de veines dans la plante des pieds chasse le sang vers les jambes à chaque pas effectué. On comprend alors déjà l’importance de la marche pour stimuler le retour veineux.
  • Les muscles des mollets : leur contraction permet de favoriser la compression des veines et ainsi le retour veineux.
  • Les veines possèdent des valvules (comme des clapets) qui se ferment sur le passage du sang et permettent la circulation de retour, empêchant le sang de redescendre.

En cas de mauvais retour veineux, le sang stagne (stase veineuse) et a du mal à remonter vers le cœur. On parle alors d’insuffisance veineuse.

 

Signes et facteurs de risque d’une insuffisance veineuse

 

On peut ressentir en cas d’insuffisance veineuse : 

  • une sensation de jambes lourdes, en particulier en fin de journée, 
  • des fourmillements, 
  • un besoin irrépressible de bouger les jambes, 
  • des crampes musculaires nocturnes,
  • un gonflement des chevilles ou des pieds,
  • ou encore l’apparition de petites varicosités (des agglomérats de vaisseaux apparents) sur les jambes.

Nous ne sommes pas tous égaux face à ces problèmes de circulation.

Certains facteurs peuvent favoriser la survenue de troubles veineux : 

  • L’hérédité.
  • L’excès de poids.
  • L’âge  : avec l’avancée en âge, les veines perdent de leur élasticité et se contractent plus difficilement.
  • Les métiers ou les situations répétées qui obligent à piétiner ou à rester debout longtemps ou assis longtemps.
  • Les hormones. 

Par exemple, durant la grossesse, les veines se dilatent davantage sous l'effet des modifications hormonales et l’utérus va aussi comprimer les veines ce qui entraîne une mauvaise circulation du sang. L’insuffisance veineuse est favorisée également par la prise de pilule contraceptive. 

Si l’on n’agit pas face à une insuffisance veineuse, elle risque de s'aggraver et mener par exemple à des varices (des veines qui forment un relief / gonflement apparent sous la peau) pouvant aboutir elle-même à des complications telles qu’une phlébite (caillot de sang dans une veine). 

Les jambes lourdes sont souvent le premier signe d’une mauvaise circulation mais on peut agir ! Des conseils d’hygiène de vie et la prise de certains compléments alimentaires permettent de stimuler la circulation et d’éviter que les choses ne s’aggravent.

Si vous souffrez de symptômes très gênants, consultez un spécialiste appelé phlébologue.

 

Moyens pour lutter contre l’insuffisance veineuse(2-3)

Ce qui va aider à une bonne circulation veineuse

En prévention, il est important de boire suffisamment (au moins 1,5 litres d’eau par jour) et d’adopter une alimentation équilibrée et variée en évitant de consommer des produits qui dilatent les veines comme les épices, le café ou l’alcool. S’il y a dilatation, les valvules (clapets) ne sont plus hermétiques et le sang redescend au lieu de remonter, d’autre part la paroi devient plus fragile et perméable, avec du sang qui peut passer à l’extérieur du vaisseau pouvant entraîner de l’oedème (gonflement).

Pensez à consommer des aliments riches en vitamine C (kiwi, poivron, agrumes, persil, brocoli…). La vitamine C est antioxydante (lutte contre les radicaux libres qui endommagent la paroi veineuse) et elle est essentielle à la fabrication du collagène qui donne de la résistance aux veines (tonicité veineuse). Intégrez également des flavonoïdes (polyphénols) présents dans les végétaux qui sont de formidables antioxydants. Ils sont présents dans de nombreux fruits et légumes comme les agrumes, les fruits rouges, les pommes, les oignons, ou encore le poireau. D’autres antioxydants sont importants : le sélénium présent dans les fruits de mer, les œufs, les poissons… et la vitamine E présente dans les amandes, les noix, les huiles végétales…Et aussi mangez des acides gras oméga 3 pour avoir une bonne élasticité des vaisseaux via les petits poissons gras notamment (sardines, maquereaux), ils sont par ailleurs antiinflammatoires et ont des propriétés fluidifiantes (fluidification du sang ce qui empêche la formation de caillots).

En bref : 

  • On protège les parois des vaisseaux sanguins de l’attaque des radicaux libres : flavonoïdes, sélénium, vitamine E, vitamine C.
  • On optimise la résistance des veines : vitamines C, flavonoïdes.
  • On renforce l'élasticité des veines et on fluidifie le sang : oméga 3.

Concernant les vêtements et les chaussures, ils doivent être adaptés. Il est important de ne pas porter de vêtements trop serrés ni de chaussures montantes (type bottes) ou mi-bas qui compriment le mollet. Il est préférable de privilégier des chaussures avec des talons de 3 cm maximum et non de hauts talons.

La pratique d’une activité physique adaptée et régulière est importante en prévention et pour soulager les symptômes ressentis.

Au moins 30 minutes de marche tous les jours. Le mouvement permet de stimuler les pompes musculaires et de favoriser le retour veineux. Il faut bouger dès que c’est possible.

Les sports à privilégier sont ceux qui favorisent le retour veineux en activant notamment le mollet qui joue le rôle de pompe. C’est le cas de la natation, de la marche, du golf, de la danse, du vélo, de la gymnastique, du ski de fond…

Il faut éviter au contraire des sports “violents” pour les jambes, par exemple avec de nombreux sauts, des à-coups ou des piétinements répétés : sports de raquette (tennis, squash…), volley-ball, foot-ball, rugby, athlétisme, course à pied etc. L’équitation n’est pas non plus conseillée car la position adoptée bloque la circulation sanguine et elle nécessite le port de vêtements serrés.

Quelques conseils pratiques peuvent être également mis en place pour aider le sang à remonter comme le fait de dormir les jambes allongées légèrement surélevées de 10 à 15 centimètres (soit avec une cale soit avec un matelas réglable).

Il est utile de terminer la douche par un jet d’eau froide sur les jambes en remontant du bas vers le haut plusieurs fois, cela permet une vasoconstriction des vaisseaux sanguins (diminution du diamètre des vaisseaux sanguins): la pression augmente et facilite la circulation sanguine.

Le massage des jambes est aussi utile, il doit se faire en remontant des chevilles vers les genoux. Vous pouvez éventuellement le faire avec un gel fraîcheur (contenant du menthol par exemple).

Enfin, des cures de thalassothérapie proposent des soins dédiés pour améliorer le retour veineux et diminuer la sensation de jambes lourdes.

 Ce qu’il faut éviter

Pour ne pas bloquer la circulation, il faut éviter de croiser les jambes en position assise et éviter de rester assis trop longtemps. Si vous êtes bloqués en position assise, pratiquez des flexions de vos chevilles pour activer la circulation. 

Si vous êtes en position debout longtemps sans bouger, relevez-vous sur les pointes de pieds plusieurs fois.

La chaleur sur les jambes aggrave les problèmes  veineux car elle augmente la dilatation des veines. Il faut donc éviter les sources de chaleur comme le sauna et le hammam, les bains ou douches trop chauds, les expositions au soleil trop longues, l’épilation à la cire chaude.

Pour les personnes qui fument, le tabac diminue la tonicité des veines et favorise la survenue des phlébites (caillot de sang dans une veine), il est donc conseillé de diminuer le tabac et idéalement d’arrêter de fumer. Si vous êtes en surpoids, il est conseillé de perdre du poids.


Cas d’un vol long courrier

L’immobilisation, la position assise prolongée et la dépressurisation lors d’un long vol en avion peuvent accentuer les problèmes de circulation. Dans cette atmosphère de dépressurisation, les veines ont tendance à se dilater ce qui diminue l'efficacité des valvules anti-reflux. 

Dans ce cas, il est nécessaire de boire régulièrement, de prévoir des vêtements amples, de penser à se lever régulièrement et à marcher dans les couloirs, de faire des mouvements de chevilles pour activer la circulation et si besoin il est possible de mettre des bas ou des collants de contention. Renseignez-vous en pharmacie. 

 

Les actifs pour lutter contre l'insuffisance veineuse

 

En phytothérapie, les plantes proposées pour soulager l’insuffisance veineuse sont souvent celles qui sont riches en flavonoïdes qui sont des antioxydants. 

Il y aurait plus de 8000 flavonoïdes comme les OPC ou oligoproanthocyanidines (dans les pépins de raisin ou l’écorce de pin maritime), la rutine (dans le raisin, les abricots, l’écorce des agrumes, la peau des pommes…) ou la quercétine (dans le thé vert, les oignons rouges, la peau des pommes…).

Les flavonoïdes agissent contre les agents oxydants qui provoquent des lésions veineuses, ils restaurent la tonicité de la paroi veineuse et améliorent la résistance capillaire. 

Différentes plantes sont riches en flavonoïdes, en voici quelques-unes qui peuvent être utilisées en cas d’insuffisance veineuse.


L’extrait de pépins de raisin(4)

Il améliore la résistance des capillaires (petits vaisseaux), augmente le tonus des veines et diminue l'œdème des jambes. 

Il est recommandé de l'utiliser autour de 150 mg 2 fois par jour.


L’extrait de Gingko Biloba(5)

Grâce aux flavonoïdes anti-oxydants et à d’autres substances (les terpénolactones) aux propriétés anticoagulantes, le Gingko a des effets protecteurs sur les parois des vaisseaux sanguins et augmente le tonus des veines.

L’administration se fait généralement à la dose de 120 à 240 mg d’extraits standardisés par jour. 

Le gingko est déconseillé chez les patients épileptiques ou souffrant d’hypertension artérielle et est contre-indiqué avec les traitements antidépresseurs de la famille des IMAO (inhibiteurs de la monoamine oxydase).


L’extrait d’écorce de pin des Landes(4-6)

Le Pyctogénol (un OPC) est la substance active. Il améliore la circulation et renforce la résistance capillaire.

On recommande entre 50 à 120 mg de Pycnogenol 3 fois par jour.


La vigne rouge(7)

Elle contient des flavonoïdes et d’autres antioxydants. Elle améliore la contention (pression) de la paroi veineuse et favorise la contraction des veines stimulant ainsi le retour veineux.


L’extrait de Mélilot(4-8)

L’extrait de Mélilot améliore la qualité et la rapidité du retour veineux et protège les capillaires. 

Il contient des substances de la famille des coumarines qui ont la propriété d’inhiber la coagulation sanguine (action contre l'œdème) et des flavonoïdes protecteurs des vaisseaux sanguins.

On recommande en général 30 mg 2 fois par jour.

Le mélilot est déconseillé en cas de maladie du foie.


L’extrait de Marron d’Inde(9)

Il favorise un tonus normal des parois veineuses, il aurait aussi la capacité de réduire les gonflements et l’inflammation.

On peut utiliser des doses entre 200 et 275 mg d’un extrait de marronnier d’Inde standardisé. 


Pour potentialiser les effets et varier les sources d’antioxydants, des formules proposent des mélanges parmi ces actifs.

 

D’autres plantes, aux effets diurétiques, peuvent être associées en cas de gonflements des chevilles comme la piloselle ou le cassis. Elles favorisent l’élimination rénale de l’eau et des déchets toxiques ce qui diminue les œdèmes des membres inférieurs.


A noter que les personnes qui prennent des traitements anticoagulants ou qui doivent subir une opération ne devraient pas prendre de plantes destinées à lutter contre l’insuffisance veineuse, il est nécessaire de demander l’avis d’un professionnel de santé.


Prendre soin de sa circulation veineuse est donc essentiel et cela passe par le respect de règles et de gestes simples dans la vie quotidienne, une alimentation adaptée, la prise de compléments alimentaires ciblés et sans oublier le fait de bouger au maximum pour stimuler le retour veineux !


Note : Les informations de cet article n’ont pas pour objet de donner des avis  de nature médicale. La prise de compléments alimentaires, si elle est nécessaire, doit être adaptée aux besoins de chacun, respecter les doses recommandées et les contre-indications des produits.

 

Références

(1)IFOP : Institut d’études opinion et marketing en France et à l’international.

https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-leurs-jambes-linsuffisance-veineuse-au-dela-de-lesthetique/


(2)Ouvrage : Fini les Jambes lourdes . Dr Michèle Cazaubon. Editions Alpen. 2010.


(3)Site ameli.fr : Préserver le capital veineux de ses jambes.

https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/varices-jambes/preserver-capital-veineux-jambes


(4)Ouvrage : Guide pratique des compléments alimentaires, Brigitte Karlesking avec le Dr B. Mercier et le Dr P.Verli. Editions Thierry Souccar, 2013, p243-249.


(5)Phytothérapie : Gingko. Vidal, mise à jour janvier 2021.

https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/ginkgo-biloba.html


(6)Petrassi C, Mastromarino A, Spartera C. PYCNOGENOL in chronic venous insufficiency. Phytomedicine. 2000 Oct;7(5):383-8. doi: 10.1016/S0944-7113(00)80059-8. 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11081989/


(7) Phytothérapie : vigne rouge. Vidal, mise à jour décembre 2017.

https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/vigne-rouge-vitis-vinifera-tinctoria.html


(8)Phytothérapie : Mélilot. Vidal, mise à jour décembre 2017.

https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/melilot-melilotus-officinalis.html


(9)Phytothérapie : Marronnier d’Inde. Site Vidal, mise à jour août 2021.

https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/marronnier-inde-aesculus-hippocastanum.html







L'auteure
AURÉLIE BONI TOURNIER

Docteure en Pharmacie, spécialisée en nutrition santé et micronutrition.