Le syndrome prémenstruel (ou SPM) est lié au cycle menstruel. Il n’est pas à ce jour totalement élucidé.
C’est un ensemble de symptômes physiques, affectifs et comportementaux qui apparaissent avant les règles et disparaissent avec elles.
Les symptômes peuvent être des ballonnements, des maux de tête, des douleurs musculaires, des gonflements des seins, une prise de poids, des oedèmes aux extrémités (doigts et chevilles), de l’anxiété, de la dépression, de la confusion, de l’irritabilité, des accès de colère, un retrait social(1).

Les données de prévalence varient en fonction des sources : le SPM toucherait entre 30-40 % des femmes en âge de procréer selon certaines et  jusqu’à 75 % selon d’autres(2-3).

La réalisation d’un calendrier menstruel (cahier d’observation) est utile pour noter les types de symptômes ressentis et les jours où ils apparaissent. Cela permet notamment de pouvoir différencier un syndrome pré-menstruel (qui se répète de façon séquentielle) du syndrome du côlon irritable par exemple ou d’autres pathologies.

Le trouble dysphorique prémenstruel est une forme sévère du syndrome prémenstruel. Il se traduit par des symptômes psychiatriques tels qu’une humeur dépressive, une anxiété et des sautes d’humeur, ainsi qu’une diminution de l’intérêt pour les activités de la vie quotidienne(4).

Les causes du SPM sont encore incertaines. Cela pourrait être lié à des prédispositions génétiques, à des variations hormonales, au stress chronique, au surpoids, au tabac mais aussi à des facteurs nutritionnels.

Faisons un point sur le cycle menstruel.

Le cycle menstruel dure en moyenne 28 jours, il se compose de 2 phases séparées par l’ovulation(5).

  • La première phase est la phase folliculaire.

Elle commence dès le premier jour des règles et dure en général 14 jours.

Au cours de cette phase, l’hormone folliculo-stimulante (FSH), fabriquée par l’hypophyse (une glande à la base du cerveau), stimule les follicules ovariens pour qu’ils produisent un ovule mature.

Il y a également sécrétion, par les follicules, d’œstrogènes (hormones) qui agissent sur l’épaississement de la muqueuse utérine (appelée endomètre).

  • L’ovulation

L’augmentation des oestrogènes va provoquer un pic d’hormone lutéinisante (LH), ce qui entraîne la rupture du follicule ovarien et la libération de l’ovule mature. L’ovule se déplace jusqu’à l’utérus.

  • La phase lutéale

C’est la période située entre l’ovulation et l’apparition des règles. Elle dure 2 semaines.

Après l’ovulation, le follicule se transforme en corps jaune. Il produit de la progestérone (hormone) qui contribue à renforcer la muqueuse utérine qui s’enrichit en nutriments et se prépare à  la nidation.

Si l’ovule n’est pas fécondé, le corps jaune s'atrophie et le taux de progestérone diminue brutalement. La couche superficielle de la muqueuse utérine se détache et s’élimine, ce sont les règles.

Les symptômes du SPM se produisent pendant la phase lutéale.

Comme on l’a dit précédemment, on ne sait pas exactement expliquer les raisons du syndrome prémenstruel. Il semble que le ratio oestrogènes et progestérone soit déséquilibré. On parle alors d’hyperoestrogénie relative. Celle-ci serait liée à une augmentation des oestrogènes circulants ou à une insuffisance de la production de progestérone (insuffisance lutéale). L’imprégnation oestrogénique (production d’oestrogènes) dépend de nombreux facteurs tels que la prise de pilule contraceptive, les contaminants et perturbateurs endocriniens, l’alimentation, le fonctionnement du foie, par exemple.

On considère plusieurs causes possibles à cet état auxquelles correspondent des solutions de prise en charge. Nous ne traiterons pas les solutions médicamenteuses ou hormonales mais nous parlerons de l’approche nutritionnelle et micronutritionnelle.

1. Un déficit en certains minéraux

Le déséquilibre hormonal pourrait être lié à des déficits en calcium et magnésium provoquant une hyperexcitabilité des membranes des cellules, celle-ci augmentant la sensibilité à la douleur.

Les symptômes caractéristiques sont les spasmes, les crampes musculaires, les angines (spasmes du larynx), les céphalées, les migraines…

Les aliments qui apportent du calcium sont par exemple les sardines (avec arrêtes), les légumineuses, les eaux riches en calcium, les produits laitiers.

La supplémentation en calcium entraîne une réduction importante des symptômes lors de la phase lutéale(6).

D’autre part, la prise de magnésium diminue également les symptômes du SPM, encore plus quand le magnésium est combiné avec la vitamine B6(7).

 

2. Un dysfonctionnement des neurotransmetteurs (sérotonine et dopamine)

Il peut y avoir des profils de femmes avec un déficit en sérotonine. Les symptômes caractéristiques sont l’irritabilité, les insomnies, les compulsions alimentaires vers le sucré, l’agressivité, l’impatience ou encore la labilité de l’humeur

La sérotonine est un neurotransmetteur qui régule l’humeur, l’appétit et le sommeil.

D’autre part, chez certaines femmes, il peut aussi y avoir un manque de dopamine. Les symptômes caractéristiques sont la fatigue dès le matin, les troubles de la mémoire, le manque de motivation, le syndrome des jambes sans repos.

La dopamine est un neurotransmetteur qui permet de donner l’entrain, l’envie, la motivation, elle stimule la concentration et la mémoire.

Pour remonter les taux de sérotonine et de dopamine, la chrononutrition est utile. Elle consiste à apporter à l’organisme ce dont il a besoin au bon moment pour l’aider à synthétiser ces deux neurotransmetteurs. Cela se traduit par plus de protéines le matin (petit déjeuner protéiné) et le midi et plus de bons glucides en milieu et fin de journée.

En termes de complémentation, il peut être nécessaire d'apporter les précurseurs de ces neurotransmetteurs, c'est-à-dire les acides aminés qui servent de base à leur synthèse. Il s’agit de la L-tyrosine pour la dopamine. Concernant la sérotonine, son précurseur, le tryptophane passe dans le cerveau et s’y transforme en 5-HTP puis en sérotonine. Deux types de compléments alimentaires existent : ceux qui apportent le tryptophane (le précurseur) : c’est le L-tryptophane ou ceux qui apportent directement le 5-HTP : le

Griffonia, plante dont il est extrait.

D’autre part, des séances de 30 minutes de luminothérapie, tous les jours, 10 jours avant les règles semblent optimiser la synthèse de ces neurotransmetteurs(8).

3. Un déséquilibre de certains acides gras

Les symptômes caractéristiques sont les mastoses (modification de la texture des seins avec des tensions et douleurs), la prise de poids, l’acné, les douleurs articulaires….

Dans la famille des acides gras oméga 6, on trouve le chef de file qui est l’acide linoléique (LA) et il se transforme dans l’organisme en d’autres gras : le GLA puis le DGLA puis l’AA.

L’AA est également apporté directement par l’alimentation.

Ces gras vont produire eux-mêmes des molécules appelées prostaglandines, certaines sont pro-inflammatoires, d’autres sont anti-inflammatoires.

On passe par un petit schéma pour mieux comprendre.

 

Dans le SPM, il y a un déséquilibre entre le rapport PGE1/PGE2 : les PGE2 sont en excès, elles sont inflammatoires et entraînent des douleurs (ce qui explique les seins gonflés et douloureux, les douleurs articulaires etc).

  • Le premier conseil est de diminuer les apports alimentaires en acide arachidonique (AA) qui fabrique les PGE2 pro-inflammatoires, il se trouve notamment dans les viandes rouges surtout et les charcuteries.
  • Par ailleurs, il faut augmenter les apports en DGLA qui synthétise des prostaglandines anti-inflammatoires. Cela peut passer par la prise de compléments alimentaires d’huiles de bourrache ou d’onagre, qui contiennent toutes deux du DGLA.
  • Enfin, l’apport d’une autre classe d’acides gras, les oméga 3, qui sont anti-inflammatoires est utile. On les trouve dans les petits poissons gras ou les compléments alimentaires d’huiles de poisson.

Au-delà des approches mentionnées ci-dessus, il est à noter que le Gattilier (Vitex agnus-castus), plante utilisée en phytothérapie, a une action de régulateur hormonal. Il améliore les symptômes du syndrome prémenstruel en diminuant par exemple les maux de tête, la fatigue, l’irritabilité ou encore les troubles de la peau(9). D’autres plantes peuvent être utilisées telles que le fenouil ou l’achillée millefeuille.

En conclusion, le syndrome prémenstruel évolue sur un terrain d’hyperoestrogénie relative, avec 3 tableaux cliniques principaux (qui peuvent être mixtes) : le déficit en calcium et magnésium, le dysfonctionnement des neurotransmetteurs et le déséquilibre de certains acides gras.

Au-delà des solutions médicamenteuses, une approche de prise en charge multimodale est essentielle pour soulager les symptômes de SPM. Elle consiste à(10) :

  • Tenir un journal quotidien, où sont notés les symptômes du SPM, qui peut aider les patientes à déterminer les moments optimaux pour mettre en place des changements comportementaux et à mieux gérer l’exacerbation des symptômes.
  • Prendre soin de son sommeil et respecter des horaires fixes de lever et de coucher, surtout pendant la phase lutéale.
  • Suivre certains conseils alimentaires : limiter le sel (pour minimiser les ballonnements et la sensibilité des seins), le café et le thé (qui sont associés à l’irritabilité prémenstruelle et aux insomnies), éviter de consommer des produits gras (acides gras saturés issus des viandes et gras issus des produits industriels / plats préparés) et des produits sucrés et augmenter la consommation de fruits et légumes(11).
  • Prendre des compléments alimentaires de façon ciblée (détails dans cet article).
  • Pratiquer une activité physique douce.
  • Gérer son stress (méditation, hypnose, exercices de respiration, réflexologie plantaire…).

Note : Les informations de cet article n’ont pas pour objet de donner des avis de nature médicale. La prise de compléments alimentaires, si elle est nécessaire, doit être adaptée aux besoins de chacun et respecter les contre-indications des produits.

 

Sources

(1)Hofmeister S, Bodden S. Premenstrual Syndrome and Premenstrual Dysphoric Disorder.
Am Fam Physician. 2016 Aug 1;94(3):236-40. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27479626/

(2)Zaafrane F, Faleh R, Melki W, Sakouhi M, Gaha L. Le syndrome prémenstruel : revue générale https://www.em-consulte.com/article/132995/le-syndrome-premenstruel-revue-generale

(3)Ryu A, Kim TH. Premenstrual syndrome: A mini review. Maturitas. 2015 Dec;82(4):436-40. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26351143/

(4)Bianchi-Demicheli, F. (2005). Le trouble dysphorique prémenstruel : diagnostic et stratégie thérapeutique', Rev Med Suisse 2005; volume -9. no. 052, 393 - 399 https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2006/revue-medicale-suisse-52/le-trouble-dys phorique-premenstruel-diagnostic-et-strategie-therapeutique

(5)Informations et conseils sur les règles de la jeune fille. Site Ameli.fr, mise à jour 25 novembre 2020. https://www.ameli.fr/hauts-de-seine/assure/sante/themes/puberte/informations-conseils-regle s

(6)Thys-Jacobs S, Starkey P, Bernstein D, Tian J. Calcium carbonate and the premenstrual syndrome: effects on premenstrual and menstrual symptoms. Premenstrual Syndrome Study Group. Am J Obstet Gynecol. 1998 Aug;179(2):444-52. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9731851/

(7) Fathizadeh N, Ebrahimi E, Valiani M, Tavakoli N, Yar MH. Evaluating the effect of magnesium and magnesium plus vitamin B6 supplement on the severity of premenstrual syndrome. Iran J Nurs Midwifery Res. 2010 Dec;15(Suppl 1):401-5. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22069417/

(8)Parry BL, Meliska CJ, Sorenson DL, Martínez LF, López AM, Elliott JA, Hauger RL. Reduced phase-advance of plasma melatonin after bright morning light in the luteal, but not follicular, menstrual cycle phase in premenstrual dysphoric disorder: an extended study.
Chronobiol Int. 2011 May;28(5):415-24. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21721857/

(9)Momoeda M, Sasaki H, Tagashira E, Ogishima M, Takano Y, Ochiai K. Efficacy and safety of Vitex agnus-castus extract for treatment of premenstrual syndrome in Japanese patients: a prospective, open-label study. Adv Ther. 2014 Mar;31(3):362-73. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24604699/

(10) Dickerson LM, Mazyck PJ, Hunter MH. Premenstrual syndrome. Am Fam Physician.
2003 Apr 15;67(8):1743-52. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12725453/

(11) Hashim MS, Obaideen AA, Jahrami HA, Radwan H, Hamad HJ, Owais AA, Alardah LG, Qiblawi S, Al-Yateem N, Faris MAE. Premenstrual Syndrome Is Associated with Dietary and Lifestyle Behaviors among University Students: A Cross-Sectional Study from Sharjah, UAE.
Nutrients. 2019 Aug 17;11(8):1939.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31426498/

(12)Gianfranco C, Vittorio U, Silvia B, Francesco D. Myo-inositol in the treatment of premenstrual dysphoric disorder. Hum Psychopharmacol. 2011 Oct;26(7):526-30.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22031267/

L'auteure
AURÉLIE BONI TOURNIER

Docteure en Pharmacie, spécialisée en nutrition santé et micronutrition.