Suprématie du végétal pour les compléments alimentaires ?
Les français se tournent de plus en plus vers la naturalité et le végétal, il est alors logique que pour choisir un complément alimentaire, cela soit un critère important. Souvent, une source végétale s’oppose à une source animale, la première étant considérée comme préférable à la seconde. Est-ce toujours mérité ?
Avant de parler des compléments alimentaires : parlons d’alimentation. On se rend compte que le règne animal est riche en éléments indispensables à notre santé dont certains ne se retrouvent pas dans le monde végétal ou s’y trouvent sous une forme moins efficace pour l’organisme.
Prenons quelques exemples.
La vitamine B12(1)
La vitamine B12 est une vitamine très importante que notre corps ne sait pas synthétiser, elle doit être apportée par l’alimentation. Elle n’est présente que dans le monde animal.
Elle participe à la production d’énergie, à la synthèse de notre ADN et à la formation des globules rouges. Elle intervient également dans la synthèse des neurotransmetteurs, molécules de notre cerveau.
⇨ La vitamine B12 n’est présente que dans les produits animaux tels que les viandes, les crustacés, les mollusques, les poissons, les œufs et les fromages.
A noter qu’en cas d’alimentation excluant totalement les produits animaux, il est nécessaire de prendre des compléments alimentaires de vitamine B12.
Le fer(1)
Le fer transporte l’oxygène vers toutes les cellules du corps. Il participe également à la synthèse de certains neurotransmetteurs, molécules de notre cerveau. Le déficit en fer est fréquent notamment chez les enfants et les femmes.
Le fer issu des produits animaux comme la viande (fer dit héminique) est très bien assimilé par notre corps.
Les végétaux (les légumineuses, les légumes à feuilles, le cacao, les céréales complètes) possèdent également du fer (fer dit non héminique) mais il est bien moins absorbé par notre organisme. Cependant, la vitamine C augmente l'absorption du fer issu des produits végétaux.
⇨ Le fer est présent dans le monde animal et le monde végétal mais il est mieux assimilé par notre organisme lorsqu’il est issu des produits animaux.
Les acides gras oméga 3
Ce sont de bons gras indispensables au fonctionnement de notre cerveau, de notre coeur, de nos yeux. Ils sont anti-inflammatoires. Les noms de ces acides gras sont l’ALA, l’EPA et le DHA (c’est un constituant majeur de notre cerveau). En fait, l’ALA se transforme dans l’organisme en EPA puis en DHA mais cette conversion est très faible, d’où la nécessité d’apporter via l’alimentation chacun de ces oméga 3.
Ils sont présents à la fois dans le monde animal et dans le monde végétal mais pas tous partout : l’ALA est présent chez les végétaux tels que les huiles végétales (colza, lin, noix, cameline…) et l’EPA et le DHA chez les poissons gras (sardines, maquereaux, saumon, harengs...) et dans les produits (viandes, oeufs…) dont les animaux ont été nourris aux oméga 3.
⇨ Monde animal et monde végétal sont complémentaires pour nous apporter tous les acides gras oméga 3 dont nous avons besoin.
Les protéines
Les protéines sont nos pierres fondatrices. Elles permettent de constituer le tissu musculaire, la peau, les os, les cheveux, les ongles, les poils mais aussi les hormones, les enzymes, l’hémoglobine et les anticorps. Toutes ces protéines sont constituées d’un enchaînement d’acides aminés. Notre corps sait en synthétiser certains mais d’autres sont dits essentiels (car le corps ne sait pas les fabriquer) et ils doivent être apportés obligatoirement par notre alimentation.
Les protéines animales sont complètes, elles contiennent tous les acides aminés essentiels, tandis que les protéines végétales ont souvent au moins un acide aminé essentiel manquant. Cependant, en combinant des sources végétales différentes, légumineuses et céréales (au même repas ou sur une même journée), on peut obtenir tous les acides aminés essentiels.
⇨ Là aussi, on constate que varier sources animales et végétales est intéressant et dans le cas des protéines, on optimise davantage les chances de ne pas en manquer.
Du côté des compléments alimentaires : qu’en est-il ? Pour les fabriquer, il faut des matières premières et celles-ci peuvent être synthétiques ou provenir de sources animales ou végétales. Intéressons-nous à ces 2 dernières dans le cadre de quelques principes actifs.
Le collagène
Parfois, il n’y a pas le choix car le principe actif dont nous avons besoin ne se trouve que dans le monde animal. C’est le cas du collagène.
Le collagène est une protéine naturellement présente dans notre peau mais aussi dans les os, les cartilages, les ligaments et les tendons. Il donne de la résistance et de l'élasticité à tous les tissus de l’organisme.
Le collagène est utilisé pour lutter contre le vieillissement cutané, il améliore l’hydratation de la peau, son élasticité, et diminue les rides(2-3).
On ne peut le fabriquer qu'à partir de sources animales : collagène bovin, porcin ou de poisson.
Les alternatives végétales sont par exemple les produits à base d’aloe vera qui stimulent la production de collagène(4-5) mais ils n’apportent pas de collagène directement.
La Vitamine D
Dans d’autres exemples, le choix entre source animale ou végétale est possible mais quelques éléments importants sont à connaître. Prenons le cas de la vitamine D puis des oméga 3.
La vitamine D existe sous 2 formes :
- la vitamine D2 (ou ergocalciférol) qui est une forme végétale, produite par les plantes et les champignons.
- la vitamine D3 (ou cholécalciférol) qui est une forme animale et qui est présente chez l’homme et les animaux. La vitamine D3 est synthétisée au niveau de la peau sous l’action des rayons ultraviolets du soleil. En France, la synthèse de vitamine D par la peau est quasi nulle entre les mois de novembre et mars, faute de rayonnements suffisants, il est alors conseillé de prendre des compléments alimentaires de vitamine D pendant ces périodes.
La prise de vitamine D3 augmente davantage le marqueur appelé 25(OH)D (qui est le reflet du statut en vitamine D de l’organisme) que la vitamine D2(6-7).
Le premier point est qu’il sera plus efficace de prendre un complément alimentaire contenant de la vitamine D3 que de la vitamine D2 végétale.
Le second point est que l’on peut choisir entre plusieurs types de vitamine D3 :
- La vitamine D3 animale issue de la lanoline (graisse ou cire de laine de mouton) est particulièrement intéressante car c’est une molécule proche de la vitamine que l’on produit naturellement par la peau.
- Pour les personnes souhaitant une forme de vitamine D3 végétale, il en existe issue du lichen (le lichen est une association d’un champignon et d’une algue).
Les oméga 3
Concernant les compléments alimentaires d’oméga 3, l’huile de poisson naturelle (riche en EPA et DHA) sous forme de triglycérides est une forme stable et bien assimilable par l’organisme.
Des sources végétales existent, à base d’algues riches en EPA et DHA.
En revanche, les compléments végétaux à base d’ALA n’apporteront peu ou pas de DHA et d’EPA (dû à la très faible transformation de l’ALA en EPA et DHA).
Choisir un complément alimentaire peut s’orienter, si le choix est possible, vers une source végétale ou animale selon les convictions de chacun. Au-delà de ces considérations, d’autres critères importants doivent être pris en compte pour avant tout choisir le complément alimentaire le plus efficace et le mieux toléré pour répondre à l’objectif souhaité : il s'agit notamment de s’assurer de la qualité des principes actifs quelque que soit leur origine, de leurs dosages et de l’absence autant que possible d’ingrédients ajoutés (additifs etc).
N’hésitez pas à demander conseil à un professionnel pour choisir le complément alimentaire le plus adapté à vos besoins.