Pas besoin de prendre des compléments alimentaires si on mange équilibré ?
Les déficits en micronutriments (vitamines et minéraux) sont courants dans la population générale. On peut citer par exemple, le magnésium et la vitamine D qui font défaut chez la plupart des français mais aussi les acides gras oméga 3 ou le fer chez les femmes. Avoir des déficits a des répercussions sur la santé.
A côté de cela, en France, la part des personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer d’un quart en 2015 à un tiers de la population en 2040(1). Vivre vieux c’est bien dès lors qu’on est en bonne santé ! Or aujourd’hui le constat des pathologies n’est pas glorieux. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme et la deuxième cause de mortalité chez les hommes(2).
17% des adultes souffrent d’obésité et, chez les enfants, 16% des garçons et 18% des filles. Plus de 4,5 millions de personnes sont diabétiques, et environ 1 million d’entre elles l’ignorent(3).
Bien que les politiques de santé publique mettent en avant des règles hygiéno-diététiques depuis des années pour prévenir les risques de ces maladies, celles-ci ne cessent de continuer à prendre de l’ampleur. Déjà, au temps de l’Antiquité, pour Hippocrate (qui fait figure de père de la médecine), bien manger était un moyen de se soigner et de rester en bonne santé. L’alimentation est effectivement un des piliers clés de notre santé et d’une démarche de prévention santé car elle nous apporte tous les éléments nutritifs indispensables au bon fonctionnement du corps et de l’esprit.
Alors, pourquoi est-il difficile de puiser dans notre alimentation tous ces éléments nutritifs dont notre corps a besoin ?
Le besoin nutritionnel correspond à la quantité de nutriments nécessaire pour assurer l’entretien et le fonctionnement d’un individu en bonne santé, dont les besoins liés à l’activité physique et la régulation de la température. S’ajoutent à cela, les besoins supplémentaires nécessaires dans certaines circonstances de la vie telles que la croissance, la grossesse ou l’allaitement.
L'après-guerre a modifié l’alimentation et ce mode alimentaire perdure aujourd'hui. L’alimentation est devenue certes plus diversifiée mais elle a aussi perdu en qualité nutritionnelle avec :
- des produits raffinés qui ont perdu leurs vitamines et minéraux tels que le pain blanc qui amène juste des calories sans micronutriments.
Une étude Américaine a montré que remplacer 50 g de riz blanc cuit par 50 g de riz brun complet réduit de 16% le risque de diabète de type 2(4).
- des produits transformés et ultra-transformés contenant de nombreux ingrédients artificiels, des additifs ou encore des substances dérivées d’aliments comme les huiles hydrogénées (chauffées à très haute température) générant des acides gras trans néfastes pour la santé. On compte, par exemple, parmi ces produits les sodas et autres boissons sucrées, les biscuits pour goûter, les barres de céréales, les céréales du petit-déjeuner, les plats préparés surgelés ou non surgelés, les steaks végétaux ou les gâteaux apéritifs.
En France, les pizzas, burgers et sandwichs sont les produits les plus commandés en livraison et le marché est en hausse(4).
- des produits beaucoup plus salés, sucrés et riches en mauvaises matières grasses.
Et même si l’on essaye de manger “mieux”, des barrières s'élèvent à nous :
- Les aliments non transformés sont aujourd'hui soumis à différents facteurs qui leur font perdre en qualité nutritionnelle ou qui génèrent des produits toxiques nous incitant à en limiter pour certains la consommation :
- la pollution environnementale ou celle provoquée par l’homme : c’est le cas des métaux lourds retrouvés dans les poissons gras, des antibiotiques dans la viande…
- les sols sont soumis à des traitements phytosanitaires qui les appauvrissent en vitamines et minéraux. L’utilisation massive des engrais est à l’origine d’infiltrations de composés azotés dans les sols qui se transforment en nitrates et se retrouvent dans les eaux du robinet. Ces nitrates peuvent générer des produits potentiellement cancérigènes(4).
- les fruits et les légumes sont souvent récoltés avant maturité et donc avant d’avoir atteint leur teneur optimale en vitamines.
- les fruits et les légumes sont traités aux pesticides.
- D’autre part, certaines associations d’aliments ou certains comportements ne sont pas toujours profitables à la bonne absorption des vitamines et minéraux par l’organisme(5). L’alcool diminue l'absorption de certains micronutriments comme la vitamine B1, B2, B9, K, magnésium, zinc...
Le café diminue l’absorption des vitamines B1, magnésium, fer.
Le thé diminue l’absorption du fer, de la vitamine B9.
Certains modes de cuisson nuisent à la qualité des aliments : c’est le cas des cuissons à l’eau qui favorisent la perte de vitamines et minéraux ou des cuissons à haute température (température supérieure à 180°, fritures, cuissons au barbecue) qui entraînent des pertes nutritionnelles et génèrent des composants toxiques. -
Notre mode de vie est soumis à des déséquilibres et des variations dans le temps qui entraînent une augmentation de l'utilisation ou de l’élimination de certains micronutriments : le stress (présent chez un grand nombre de personnes) provoque des fuites de magnésium, les pollutions de toutes sortes (pollution environnementale, rayons UV, tabac....) mobilisent et épuisent les systèmes de défenses antioxydantes de l’organisme, les régimes amincissants ou autres types de régimes (végétaliens…) peuvent générer des déficits en divers minéraux et vitamines ou macronutriments (protéines, lipides, glucides).
- Même si l’on fait tout pour le mieux : on mange bien, on cuisine maison avec des produits bruts et des modes de cuisson adaptés, on ne fume pas, on ne boit pas d’alcool, on gère son stress, on pratique une activité physique régulière; on ne parvient pas toujours à répondre aux besoins de notre corps. Les périodes de la vie changent et nécessitent des besoins particuliers. Ils peuvent être augmentés lors de la croissance, de la grossesse, de l’allaitement, de périodes stressantes ou particulièrement fatigantes, du sport, de la ménopause, de l’avancée en âge ou encore lors de maladies.
Alors, pour toutes ces raisons, il est effectivement compliqué d’obtenir via l’alimentation tout ce dont le corps a besoin. Les compléments alimentaires s'ils sont ciblés au besoin de chacun peuvent donc être utiles pour soutenir les apports alimentaires.
Comment définir les compléments alimentaires ?
Ce sont « des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés… »(6). Il y a 3 notions clés dans cette définition :
- La première est que les compléments alimentaires ne se substituent pas à l’alimentation mais viennent en association.
- La seconde est que l’on va chercher spécifiquement dans les compléments alimentaires des concentrés en nutriments ou micronutriments : des vitamines, minéraux, polyphénols, probiotiques etc
- La troisième souligne le fait que l’objectif de prendre des compléments alimentaires est d’obtenir des effets nutritionnels : par exemple, on veut combler un manque quantitatif en un minéral (fer, magnésium etc) ou on veut obtenir des effets sur notre corps en prenant des probiotiques qui vont modifier l’état de notre microbiote intestinal ou encore on prend des compléments d’oméga 3 pour corriger une inflammation.
En 2020, une étude rapportée par Synadiet (Syndicat National des Compléments Alimentaires) montre que 68 % des personnes interrogées déclarent avoir consommé un complément alimentaire au cours des 12 derniers mois : vitamines et minéraux (37 %), produits de la ruche (34 %), huiles essentielles (32 %).
La notion de “compléter” ne doit pas être ressentie comme culpabilisante et faire penser à : “je prends un complément parce que je fais mal les choses” car comme on l'a vu, rien dans notre alimentation ne peut se faire parfaitement et nos besoins changent selon les périodes. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans l’ère de la nutraceutique, entre la nutrition et le pharmaceutique. Celle-ci met en avant des produits qui ne sont pas là juste pour "complémenter" mais pour agir avec la nutrition dans une optique de prévention santé et d’amélioration des fonctions de l'organisme (amélioration de la fonction digestive, de la fonction articulaire, de la fonction hormonale…).
Alimentation et compléments alimentaires : main dans la main.
Apporter tous les nutriments et micronutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme, pour être et rester en bonne santé passe par :
L’alimentation
L’alimentation, avec des aliments à haute valeur nutritionnelle, doit être associée à un mode de vie adapté. Il nous faut choisir des aliments les moins modifiés, les plus riches en qualité nutritionnelle et les moins contaminés. Les Autorités de santé(7) préconisent pour les adultes de manger varié et :
- d’augmenter la consommation de légumes et fruits, au moins 5 par jour,
- d’augmenter la consommation des légumes secs, au moins 2 fois par semaine,
- d’augmenter la consommation des fruits à coques, une petite poignée par jour,
- de consommer au moins un féculent complet par jour,
- de consommer au moins un poisson gras par semaine,
- de privilégier au quotidien les huiles d’olive, de colza et de noix,
- de consommer 2 produits laitiers par jour,
- de privilégier le fait maison,
- de privilégier les produits de saison, locaux et le bio,
- de bien s’hydrater (eau),
- d’augmenter l’activité physique, au moins 30 minutes par jour.
Par ailleurs, il est recommandé de diminuer la consommation d’alcool, de produits sucrés, salés et gras, la charcuterie et la viande (porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats), les produits ultra-transformés et de diminuer le temps resté assis.
Les compléments alimentaires.
L’utilisation de ces produits doit être spécifique à un individu, ciblée par rapport à un besoin, ponctuelle et limitée dans le temps.
Elle peut s’appuyer sur des analyses biologiques, répondre à des problématiques spécifiques comme faciliter la digestion, améliorer le sommeil, lutter contre la fatigue ou soutenir des périodes de vie particulières (femmes enceintes, sportifs, seniors…). Il est conseillé de demander l’avis d’un professionnel de santé.
En synthèse, il est temps aujourd’hui de s’appuyer davantage sur une approche de prévention de notre santé, personnalisée et participative.
L’étude Mazars - Opinion Way réalisée en 2018, sur un échantillon de 1000 personnes montre que les français sont conscients de la nécessité d’être acteur de leur propre parcours santé et “35% des Français estiment que la prévention en matière de santé est avant tout du ressort de chacun“. Ils se disent ouverts à une modification des comportements en matière de santé, mais “à condition que celle-ci soit prise en charge par la Sécurité sociale (78%)”(8).
Les populations d’autres pays tels que les Etats-Unis ou le Canada qui paient leur système de santé n’attendent pas d’être malades et s’investissent davantage dans la prévention.
Aujourd’hui, au vu de l’évolution grandissante des maladies de civilisation, l’adage : “Mieux vaut prévenir que guérir” est plus que jamais à appliquer : la nutrition associée aux compléments alimentaires fait partie intégrante d’une démarche de prévention santé.
Sources
(1)Activité physique : Prévention et traitement des maladies chroniques. INSERM. Publié le : 11/02/2019. https://www.inserm.fr/expertise-collective/activite-physique-prevention-et-traitement-maladie s-chroniques
(2)Données issues de Santé Publique France. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-cardiovasculaires-etaccident-vasculaire-cerebral
(3)Données issues du centre Européen du diabète. http://ceed-diabete.org/fr/le-diabete/les-chiffres/
(4) Science & Vie Hors série n° 294 H - Manger sain, notre assiette au crible de la science. Février 2021.
(5)Micronutrition et nutrithérapie: Synthèse générale à l'attention des professionnels de santé. Jérôme Manetta. Sparte Editions, 2ème édition. P 429-431.
(6)Les compléments alimentaires, nécessité d'une consommation éclairée. ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). https://www.anses.fr/fr/content/les-compl%C3%A9ments-alimentaires-n%C3%A9cessit%C3 %A9-dune-consommation-%C3%A9clair%C3%A9e
(7) La santé par l’alimentation. Ministère des solidarités et de la santé.
https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/strategie-nationale-de-sa nte/priorite-prevention-rester-en-bonne-sante-tout-au-long-de-sa-vie-11031/priorite-preventio n-les-mesures-phares-detaillees/article/la-sante-par-l-alimentation
(8) Etude Mazars - Opinion Way réalisée en 2018 https://www.mazars.fr/Accueil/A-propos/Communiques-de-presse/Communiques-de-presse-2018/Enquete-Les-Francais-la-prevention-augmentee