Symbole de séduction, signe culturel ou ethnique, identité visuelle et état d’esprit, c’est tout cela qu’exprime la chevelure !

Nous possédons entre 100 000 et 150 000 cheveux qui poussent d’environ 1 centimètre par mois (soit 12 à 15 cm par an). Leur chute est souvent mal vécue et perçue comme une atteinte à l’intégrité physique. 

De quoi sont faits nos cheveux ? Pourquoi tombent-ils ? Comment lutter contre leur chute excessive ? On vous dit tout dans cet article.

Carte d’identité des cheveux(1)

Le cheveu est constitué d’une tige, c’est la partie visible qui elle-même est constituée de 3 couches : 

  • La cuticule (partie la plus externe), faite d’écailles riches en kératine.
  • Le cortex riche également en kératine et aussi en mélanine qui donne la couleur au cheveu. Le cheveu contient aussi de l'eau, des acides gras, du zinc, du fer et des vitamines.
  • La moelle, la partie la plus interne.

Le cheveu est implanté dans un follicule pileux (partie non visible, dans le crâne).

Le cheveu est donc essentiellement fait de kératine qui lui confère sa solidité et son élasticité, la kératine est constituée d’un enchaînement d’acides aminés dont principalement des acides aminés dits soufrés (cystéine, méthionine). On les appelle ainsi car un atome de soufre entre dans leur composition. 

La durée de vie d’un cheveu varie entre 3 à 7 ans et se divise en 3 phases (c’est le cycle pilaire) : 

  • La phase anagène : c’est une phase de croissance du cheveu qui dure en moyenne 3 ans.
  • La phase catagène : c’est une phase de régression et d’arrêt de croissance qui dure en moyenne 3 semaines.
  • La phase télogène : c’est la phase de chute du cheveu qui dure en moyenne 3 mois. Le cheveu mort est poussé par un nouveau cheveu et tombe.

Sur une chevelure normale, environ 85 % des follicules sont en phase anagène, et 15 % en phase télogène (très peu, 1-2% en phase catagène).

Avec l’âge, la densité et la durée de croissance des cheveux diminuent. On perd en moyenne entre 20 et 60 cheveux par jour. Plus de 100 cheveux par jour est considéré comme anormal, pas facile de les compter pour le savoir (!). On s’en rend compte quand de nombreux cheveux sont retrouvés sur les vêtements ou sur la brosse. 

Les causes de la chute des cheveux


Le terme “alopécie” signifie une chute totale ou partielle des cheveux ou des poils.


Quelles sont les causes de la chute des cheveux ? 

L’alopécie androgénique(2)


C’est la cause de chute de cheveux la plus fréquente, elle est dûe à 2 facteurs  : un facteur génétique et un facteur hormonal  en lien avec l’action des androgènes (testostérone), les hormones sexuelles mâles, présentes aussi en petites quantités normalement chez les femmes.  

Si ces hormones sont produites de façon anormale : 

-Chez les hommes, elle entraîne une chute de cheveux située au-dessus du crâne. Elle devient plus fréquente avec l’âge atteignant 40% des hommes de 40 ans. 

-Chez les femmes, cette alopécie n’est jamais complète (des cheveux persistent), elle touche 1 femme sur 5 vers l’âge de 40 ans, une femme sur quatre vers l’âge de 60 ans.

Chez une personne prédisposée (au niveau génétique) : la testostérone subit une mutation (transformation) menant à une hormone beaucoup plus puissante. Elle est transportée par le sang vers les follicules pileux. A ce niveau là, sous l’action de ces quantités d’hormones transformées, le cycle de pousse du cheveu est accéléré et raccourci. Les cheveux deviennent plus fins et tombent plus vite. Les cycles de pousse des cheveux sont alors épuisés en quelques années.

  • La chute des cheveux est accentuée par les changements de saisons (c’est un phénomène naturel) : elle augmente particulièrement au printemps et à l’automne.

Ce phénomène est certainement multifactoriel et il n’est pas complètement élucidé. Aux changements de saison, notre corps subit des modifications hormonales, liées aux hormones féminines (oestrogènes) et masculines (androgènes). Il s’adapte ainsi aux modifications de température, d’ensoleillement, d’humidité etc. Ces modifications hormonales physiologiques peuvent avoir un impact sur le cycle des cheveux et certaines personnes y sont plus sensibles que d’autres. 

 

L’alopécie hormonale spécifique aux femmes


Elle est liée à l’arrêt de la pilule contraceptive, à l’accouchement, à une fausse couche, à une IVG, à la ménopause. La repousse des cheveux reprend normalement une fois la cause hormonale réglée. 

Pour expliquer ce phénomène, prenons par exemple le cas de l’accouchement. Pendant la grossesse, les cheveux tombent peu car ils sont “retenus” par les hormones féminines, les oestrogènes. Ces derniers participent à la croissance du cheveu en prolongeant notamment la phase anagène. Après l’accouchement, il y a une chute brutale des cheveux liée à l’effondrement de ces œstrogènes, cela se régularise après quelques mois.

Une chute de cheveux (normalement passagère) peut également faire suite à :

-Des traumatismes tels que le stress important, un choc affectif violent (décès d’un proche, séparation…), une opération chirurgicale. 
-Des causes infectieuses : des maladies infectieuses telles que la scarlatine, le VIH ou autres; une forte fièvre.
-Des causes nutritionnelles : des régimes amaigrissants restrictifs (notamment pauvres en protéines), le véganisme ou le végétarisme avec carences, les carences en fer, vitamine B, zinc, iode…
-Des causes médicamenteuses : la prise d'anticoagulants, de psychotropes, d’antipaludéens par exemple (liste non exhaustive).

Les alopécies pathologiques

C’est le cas, par exemple, de la pelade, qui est une maladie dermatologique provoquant une chute des cheveux.


Le saviez-vous ? 

Une chute de cheveux peut être parfois le signe d’un mauvais fonctionnement de la thyroïde (hyperthyroïdie ou hypothyroïdie). Pour détecter un dysfonctionnement de la thyroïde, rapprochez-vous de votre médecin qui vous prescrira si nécessaire une prise de sang afin d’évaluer vos hormones thyroïdiennes.

 

Les solutions pour lutter contre la chute des cheveux

Il faut tout d’abord rechercher la cause de la chute de cheveux : hormonale (alopécie androgénique, pilule…), médicamenteuse, liée à une pathologie…

Voyons ici les solutions que l’on peut apporter en cas de chute de cheveux liée à des causes nutritionnelles, à des carences ou aux changements de saisons.

L’alimentation

L'alimentation a toute son importance dans le phénomène de chute des cheveux puisqu’en effet, ce que l’on mange a un impact sur la santé de nos cheveux.

Il est conseillé d’adopter une alimentation variée contenant suffisamment de protéines et de graisses d’origine végétale notamment d’acides gras oméga 3 mais aussi de vitamines, de fer et de zinc. Il faut aussi s’hydrater suffisamment : 1,5 litres d’eau en moyenne par jour car les cheveux sont aussi composés d’eau. 

Les protéines(3)


Elles sont de véritables éléments bâtisseurs, elles  participent à la formation de la kératine, le principal constituant du cheveu. Les protéines sont elles-mêmes faites d’un enchaînement d'acides aminés et ce sont principalement les acides aminés soufrés qui entrent dans la composition de la kératine.

Il est recommandé un apport minimum de 0,83 g de protéines / kg de poids corporel / jour soit environ 58 g par jour pour un adulte de 70 kg, variant protéines animales (viandes, poissons, produits laitiers, œufs) et végétales (légumineuses comme les lentilles, fèves… et céréales). 

Pour en savoir plus sur les protéines, c’est par ici : Les protéines : quoi, pourquoi, comment, combien ? https://elaform.com/blogs/le-lab/les-proteines

Le fer

Pourquoi le fer est-il important pour les cheveux ? Les globules rouges du sang alimentent en oxygène les tissus qui fabriquent les cheveux et cela grâce au fer.

Le déficit en fer est fréquent chez les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et allaitantes, les végétariens et les végétaliens, les seniors et aussi chez les enfants et les adolescents. Il peut s’exprimer sous forme de signes tels que notamment une chute de cheveux, des cheveux fragilisés mais aussi d’autres signes comme des ongles cassants, une pâleur, des troubles de l’humeur etc.

Les aliments riches en fer(4) sont les produits animaux tels que le boudin, la viande, les œufs, les poissons et les crustacés. Les produits végétaux sources de fer sont les légumineuses (lentilles, pois chiches…), les légumes à feuilles, le germe de blé (à mélanger dans des soupes, salades, laitages…) le cacao ou encore les céréales complètes. Il faut savoir que le fer issu des produits animaux (fer dit héminique) est mieux assimilé par notre corps que le fer issu des produits végétaux (fer dit non héminique). Cependant, la vitamine C augmente l'absorption du fer issu des produits végétaux : c’est parfait alors d’associer des légumineuses avec des aliments riches en vitamine C comme les légumes et les fruits.

Le zinc

Le zinc est indispensable à la synthèse de la kératine, s'il est déficitaire, la croissance des cellules des cheveux est diminuée ou stoppée.

On retrouve le zinc dans l’alimentation(4) dans les produits de la mer (comme les huîtres), la viande rouge, la volaille, les œufs, dans les céréales complètes, les légumineuses, les oléagineux et les légumes comme les haricots verts, le cresson, les pommes de terre…

La bonne santé des cheveux passe aussi par la consommation quotidienne de fruits et de légumes pour faire le plein d’antioxydants. Ils participent à la nutrition du cheveu et permettent de lutter contre les agressions subies telles que la pollution. La consommation suffisante d’oméga 3 anti-inflammatoires est également importante. On les retrouve par exemple dans les poissons gras et les huiles végétales comme l’huile de colza.

Par ailleurs, on évitera la consommation de produits sucrés, de produits raffinés (à base de farine blanche) et de produits ultra-transformés qui sont tous pro-inflammatoires. Quand il existe une inflammation au niveau des racines des cheveux, cela a pour conséquence de les fragiliser et les cheveux peuvent tomber plus facilement. 

 

La Complémentation

Comme on l’a dit, les vitamines et les minéraux sont importants pour la croissance et le fonctionnement normaux des cellules et peuvent contribuer à la perte de cheveux quand ils sont déficients(5). L’alimentation est primordiale et si la chute de cheveux est liée à un déficit en micronutriments, il faudra les apporter à l’organisme. On pourra alors conseiller une supplémentation adaptée selon le besoin.
On vous en dit plus sur certains actifs clés des compléments alimentaires.

Le fer

Pour connaître son statut en fer, on peut mesurer, via une prise de sang, la ferritine : c’est une protéine qui permet le stockage du fer. Son dosage permet de mesurer les réserves en fer dans l’organisme.

Pour choisir un complément adapté en cas de déficit en fer :  il est conseillé de s’orienter vers un fer bien assimilé par l’organisme et qui ne provoque ni constipation ni  maux de ventre, c’est le cas avec une forme de bisglycinate de fer.

Le zinc

De la même façon que pour le fer, il est préférable de choisir une forme de bisglycinate de zinc.

La vitamine B6(6)

La vitamine B6, présente dans les poissons gras et les œufs, joue un rôle important dans le développement et le maintien de la peau et elle est utile pour réduire la perte des cheveux. 

Les acides aminés soufrés

Ce sont notamment la cystéine et la méthionine qui entrent dans la composition de la kératine.

Des associations sont couramment réalisées dans les compléments alimentaires avec vitamine B6, acides aminés soufrés et zinc par exemple. 

D’autres actifs peuvent être associés tels que la biotine (vitamine B8) dont une carence peut favoriser la chute des cheveux.

La kératine

Les cheveux sont constitués majoritairement de kératine, leur en fournir permet de  renforcer leur structure et stimuler leur pousse. 

La gestion du stress

Le stress peut provoquer ou aggraver une perte de cheveux. A noter qu’une perte de cheveux importante peut elle-même générer du stress et c’est un cercle vicieux qui s’installe et qui entretient cette perte(7)

En cas de stress, une hormone spécifique est sécrétée : le cortisol. Des études ont montré que des quantités importantes de cortisol pourraient modifier certains composants des follicules pileux ce qui contribuerait à la chute des cheveux(8)

L'identification du stress et sa prise en charge sont importantes. 

Vous voulez plus d’informations sur la gestion du stress ? Lisez notre article dédié à ce sujet :  https://elaform.com/blogs/le-lab/stress-quelles-sont-les-solutions


Les soins des cheveux


Il faut éviter les gestes de coiffage trop agressifs altérant la santé du cheveu tels que les défrisages, permanentes, décolorations, colorations… trop répétés. 

Il est conseillé d’utiliser un shampoing doux à usage fréquent ou un shampoing adapté à la nature des cheveux. Il peut être utile d’utiliser des shampooings ou lotions anti-chute contenant  des actifs qui stimulent la microcirculation, demandez conseil en parapharmacie ou pharmacie.

Par ailleurs, il est conseillé d’éviter les sources de fragilisation des cheveux telles que la pollution, le tabac (qui réduit l'absorption de nombreux nutriments essentiels à la synthèse de la kératine) ou encore l’excès de soleil.

Pour résumer, quand cela est possible, prévenir la chute des cheveux passe par un mode de vie adapté, un bon statut en micronutriments et cela grâce notamment à l'alimentation. En cas de chute excessive, il faut tout d’abord identifier la cause : hormonale, saisonnière, alopécie progressive etc puis agir en conséquence avec une ou des associations de solutions comme la  modification de l’alimentation, la supplémentation, les soins des cheveux,  la gestion du stress ou d’autres prises en charge plus médicales si nécessaire…


Sources

(1)Bernard BA. La vie révélée du follicule de cheveu humain [The life of human hair follicle revealed]. Med Sci (Paris). 2006 Feb;22(2):138-43. French.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16457752/


(2)L'alopécie androgénétique

https://www.vidal.fr/maladies/peau-cheveux-ongles/chute-cheveux-alopecie/alopecie-androgenetique.html


(3)El Fékih N, Kamoun H, Fazaa B, El Ati J, Zouari B, Kamoun MR, Gaigi S. Evaluation du rôle des apports alimentaires dans la survenue d'une alopécie diffuse [Evaluation of the role of dietary intake in the occurrence of alopecia]. Rev Med Liege. 2010 Feb;65(2):98-102. French

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20344921/


(4)Ciqual, Table de composition nutritionnelle des aliments.

https://ciqual.anses.fr/


(5)Almohanna HM, Ahmed AA, Tsatalis JP, Tosti A. The Role of Vitamins and Minerals in Hair Loss: A Review. Dermatol Ther (Heidelb). 2019 Mar;9(1):51-70. doi: 10.1007/s13555-018-0278-6. Epub 2018 Dec 13

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30547302/


(6)D'Agostini F, Fiallo P, Ghio M, De Flora S. Chemoprevention of doxorubicin-induced alopecia in mice by dietary administration of L-cystine and vitamin B6. Arch Dermatol Res. 2013 Jan;305(1):25-34. doi: 10.1007/s00403-012-1253-1. Epub 2012 Jun 15.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22699427/



(7)Hadshiew IM, Foitzik K, Arck PC, Paus R. Burden of hair loss: stress and the underestimated psychosocial impact of telogen effluvium and androgenetic alopecia. J Invest Dermatol. 2004 Sep;123(3):455-7. 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15304082/


(8)Thom E. Stress and the Hair Growth Cycle: Cortisol-Induced Hair Growth Disruption. J Drugs Dermatol. 2016 Aug 1;15(8):1001-4. PMID: 27538002.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27538002/


(9)Trüeb RM. Oxidative stress in ageing of hair. Int J Trichology. 2009 Jan;1(1):6-14. doi: 10.4103/0974-7753.51923.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20805969/

L'auteure
AURÉLIE BONI TOURNIER

Docteure en Pharmacie, spécialisée en nutrition santé et micronutrition.